Les femmes perçoivent leur retraite 5 ans de plus que les hommes et les cadres, 3 ans de plus que les ouvriers (Drees)
Dossier
Ce graphique présente les différences d’espérance de durée de retraite (le nombre d’année au cours desquels l’assuré a perçu une retraite) chez les hommes selon le niveau de diplôme déclaré sachant que 0 correspond à l’absence de diplôme puis 1 : Certificat d’études primaires, 2 : Brevet des collèges, 3 : CAP, 4 : BEP, 5 : Baccalauréat général, 6 : Baccalauréat technique ou professionnel, 7 : 1er cycle universitaire ou équivalent, 8 : 2e et 3e cycle universitaire ou équivalent.
© Drees
Les inégalités d’espérance de vie à 55 ans (6,4 ans de vie en plus pour les femmes par rapport aux hommes et 3,3 ans pour les anciens cadres comparé aux anciens ouvriers) génèrent elles-mêmes des inégalités sur le temps passé en retraite. Ainsi « 5,3 années de retraite séparent hommes et femmes et parmi les hommes, les cadres peuvent espérer percevoir leur retraite 2,8 années de plus que les ouvriers », note la Drees dans la dernière édition de ses dossiers « Solidarité et santé » consacrée aux liens entre espérance de vie et durée passée à la retraite (1) et publiée vendredi 28 juin 2013. Pour les femmes, au contraire, les différences de durée de retraite entre catégories socio-professionnelles sont plus importantes que les écarts d’espérance de vie. Par ailleurs, la Drees note qu’au sein d’une même catégorie sociale un début de carrière précoce entraîne une durée de vie inférieure.
Parmi les hommes nés en 1942, ce sont les anciens cadres qui vivent le plus longtemps, avec une espérance de vie à 55 ans de 28,6 années tandis que les anciens ouvriers, qui représentent près du tiers des effectifs, ont une espérance de vie à 55 ans légèrement supérieure à 25 ans, constate la Drees dans le dernier numéro (n°40) de ses dossiers « Solidarité et santé ».
DES DURÉES DE RETRAITE QUI VARIENT AUSSI AVEC LE SECTEUR D’ACTIVITÉ
La Drees rappelle que les hommes ont une espérance de vie à 55 ans inférieure de 6,4 ans à celle des femmes (pour la génération née en 1942) mais les femmes partent aussi en retraite plus tardivement : elles liquident leurs droits à 61,3 ans en moyenne contre 60,2 ans pour les hommes. Cela tient à leurs carrières plus courtes (138 trimestres d’assurance retraite tous régimes en moyenne contre 161 trimestres pour les hommes) qui les contraint à attendre plus souvent le taux plein pour bénéficier d’une retraite sans décote : « 27 % d’entre elles ont effectivement liquidé un premier droit à retraite à 65 ans ou après, contre 10 % seulement des hommes ». Elle sont donc une espérance de vie supérieure aux hommes mais qui ne se traduit pas par le même avantage pour la durée de perception de leur retraite. Les durées de retraite varient non seulement en fonction du genre et des catégories socio-professionnelles mais également selon le secteur d’activité : elles sont plus élevées pour les retraités du secteur public.
Les carrières courtes sont associées à des espérances de vie réduites constate la Drees : les assurés n’ayant pas validé une carrière complète ont en moyenne une moindre espérance de vie à 55 ans (-1,4 an chez les hommes et -0,6 an chez les femmes). Et chez les hommes dont la carrière est incomplète, « l’espérance de vie est d’autant plus faible que le nombre d’annuités validées est réduit ». Cela tient notamment au fait qu’une carrière écourtée « s’explique souvent par des problèmes de santé ou d’incapacité ». Chez les femmes, « le lien entre durée validée et espérance de vie est moins manifeste » puisque les carrières courtes s’expliquent fréquemment par une interruption d’activité ou un temps partiel lié à l’éducation des enfants.
UNE ESPÉRANCE DE VIE MAXIMALE LORSQU’ON VALIDE LA DURÉE REQUISE
À l’inverse, les carrières longues (au delà de 40 annuités) sont également associées à une espérance de vie réduite. Les longues carrières de la génération de 1942 concernent davantage les ouvriers : « les liquidations avec 43 annuités sont plus fréquentes que celles avec 40 annuités pour les ouvriers, alors que pour les cadres, les départs à la retraite interviennent le plus souvent après la validation de 40 annuités ». Elles concernent aussi souvent les professions libérales et les indépendants (également nombreux à avoir des carrières dépassant 42 à 44 annuités). Chez les femmes également l’impact des longues durées de carrière sur l’espérance de vie est moins marqué. Au total, « les durées de carrière proches des durées requises pour le taux plein correspondent aux espérances de vie les plus élevées ».
À durée de carrière comparable, les inégalités sociales de durée en retraite sont importantes, note par ailleurs la Drees : on constate une différence de trois ans entre cadres et ouvriers pour les hommes ayant validé au moins 40 annuités, voire plus pour les carrières masculines entre 35 et 40 ans. Pour les femmes, la durée de retraite est contrastée en raison d’une « forte hétérogénéité de l’âge au moment du départ en retraite ». Ainsi, « les femmes cadres ayant validé au moins 40 annuités peuvent espérer percevoir leur retraite près de deux ans de plus que les ouvrières, à durée de carrière équivalente » et plus encore pour les carrières moins longues. « En contrôlant l’âge de première validation, la durée validée (en tranches) et le nombre d’enfants (pour les femmes uniquement), les écarts de durée de retraite espérée entre cadres et ouvriers s’élèvent à 2,7 années pour les hommes et 2,9 pour les femmes ».
(source AEF)