j’ai trouvé en farfouillant sur le net une série d’articles interessants sur la relation entre génération et investissement.
Il s’agit de 7 articles de Jérome Werten (4 sont déjà en ligne, les 3 autres sont annoncés) consultables en ligne sur le blog objectifeco (comme j’ai fini par comprendre que je suis une sous-geek je vous donne la référence du blog au cas ou les liens ne seraient pas correctement repliqués).
Selon Wikipédia, une génération est un concept sociologique utilisé en sociodémographie pour désigner une sous-population dont les membres, ayant à peu près le même âge ou ayant vécu à la même époque historique, partagent un certain nombre de pratiques et de représentations du fait de ce même âge ou de cette même appartenance à une époque. La durée d’une génération humaine correspond généralement au cycle de renouvellement d’une population adulte apte à se reproduire, à savoir environ 20 ans.
Les générations qui se côtoient actuellement sont (par ordre chronologique) la génération silencieuse(1925-1945), les baby boomers (1943-1959), la génération X (1959-1981), la génération Y (1980-1999) et la nouvelle génération silencieuse (1995-…). Notons qu’il s’agit d’une typologie dont les frontières sont vagues autant du point de vue des dates que de leurs caractéristiques. Certains traits culturels peuvent se retrouver autant chez les « Y » que chez les « X » ou même chez les « boomers ». De même les différences individuelles sont parfois supérieures au sein d’une génération qu’entre les différentes générations. On peut retrouver ainsi avec un « Y » avec une mentalité de « vieux », tout comme un « boomer » plus jeune dans la tête que jamais…
Chaque génération a ses habitudes, ses opinions et ses manières d’agir. Les retraités d’aujourd’hui ont été à la tête du monde politico-économique d’hier et leurs systèmes de pensée nous ont influencé et nous influencent encore à ce jour. Les top managers actuels façonnent aussi notre manière de vivre et ils seront remplacés à leur tour par une nouvelle génération de dirigeants avec de nouvelles représentations. Chaque cohorte laisse une empreinte différente sur la société après son passage.
Nous entamons aujourd’hui une série de sept articles passant en revue ces générations, leurs influences sur le monde économique et financier, et les implications pour nous, les investisseurs. Notre prochain article sur cette série sera consacré à la génération silencieuse (1925-1945), la plus ancienne des générations qui influence encore directement le monde d’aujourd’hui.
Jérôme Werlen : Générations & investissement (2/7) – La génération silencieuse (1925-1945)
(article du 9 novembre 2011)
La génération silencieuse est née entre 1925 et 1945, soit entre la grande dépression et la deuxième guerre mondiale. Selon Wikipédia, elle est réputée travailler dur et ne pas être revendicative, d’où son nom. On décrit les « silencieux » comme fatalistes, conventionnels, possédant un sens moral aléatoire, s’attendant au pire mais restant dans l’espérance. S’il y a bien un investisseur célèbre qui représente cette génération, c’est bien notre cher ami Warren Buffett (1930) : travailleur, conventionnel et discret.
Warren est millardaire, mais il vit, se nourrit, se loge, s’habille et se déplace (sauf pour motifs professionnels) comme tout un chacun ou presque. Ses placements sont pépères, il choisit quelques très bonnes sociétés, investit sur la durée et il bat tous les jeunes loups qui tradent sur des titres pourtant bien plus spéculatifs. Il a vu arrivée l’explosion de la bulle Internet alors même que tout le monde le traitait de « has been ».
Les « silencieux » ont tenu les rênes de la société durant la période économique faste qui a suivi les crises pétrolières des années ’70, comprenant l’arrivée en masse du PC, la chute du mur de Berlin, la première guerre du Golfe et jusqu’à la révolution Internet. Ils ont donc vécu une jeunesse entachée par la crise économique et la guerre, mais leur côté travailleur et conventionnel a posé les bases d’une croissance relativement stable entre 1980 et 2000.
Alan Greenspan (1926), président de la FED jusqu’en 2006 est lui aussi un représentant de la génération silencieuse. Ayant vécu une jeunesse marquée par les conséquences du krach de 1929, avec la crise bancaire et économique qui ont suivi, et jusqu’à la guerre, il est passé maître dans l’art de maîtriser l’inflation et de gérer les crises. Magic Greenspan a su éviter toutes les catastrophes. Ou presque. Beaucoup lui reprochent sa gestion de la bulle Internet qui a été le déclencheur, quelques années plus tard de la crise des subprimes. Voulant sans doute réguler au mieux les marchés, et éviter un scénario à la 1929, il a en effet pratiqué une politique particulièrement expansive, avec des taux d’intérêts très bas, avant de les redresser de manière conséquente, toujours dans le même souci de juguler l’inflation.
Nicolas Hayek (1928-2010) est aussi un symbole de cette génération silencieuse. Il a toujours déclaré vouloir mourir au travail, chose qu’il a faite le 28 juin 2010, à l’âge de 82 ans ! Le personnage est néanmoins moins conventionnel que d’autres de sa génération, puisque c’est l’inventeur de la célèbre Swatch qui a révolutionné le monde de l’horlogerie et de la Smart, qui se voulait à l’origine être une voiture écolo et peu chère.
Bien que les « silencieux » sont aujourd’hui à la retraite (ou décédés), leur empreinte sur nos sociétés reste encore marquée. On vit en effet sur les bases qu’ils ont posées, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, tels que l’Union Européenne, l’euro, et toutes les infrastructures de manière générale. Certains siègent encore dans des conseils d’administration de grandes sociétés.
En tant que retraités par contre, ils sont assez discrets de manière générale, ce qui correspond à leur type sociologique, mais aussi au fait que passablement d’entre eux ne reçoivent pas des rentes extraordinaires.Hormis leurs besoins en soins médicaux et pharmaceutiques, il ne faut donc pas trop compter sur cette génération pour soutenir la croissance économique actuelle et future. Par contre, leurs qualités de travailleurs et de personnes consensuelles et peu revendicatives seraient bien utiles dans la période de rigueur budgétaire que l’on vit en ce moment.
Nous verrons que la donne est sensiblement différente chez les baby boomers.
Jérôme Werlen : Générations & investissement (3/7) – Les baby boomers (1943-1959)
(article du 16 novembre 2011)
Selon la théorie de William Strauss et Neil Howe, la génération des boomers occidentaux serait composée en grande partie d’idéalistes et d’égocentriques. Cette génération serait en conflit avec la génération X et aurait parfois des difficultés à comprendre le conservatisme, l’homogénéité et les capacités de travail en équipe qu’arborent leurs enfants de la génération Y. Encore une fois, soulignons que nous parlons ici de typologies sociales réunissant les traits globaux d’une génération. Ce n’est pas parce que l’idéalisme est une caractéristique de beaucoup de boomers qu’il concerne tous les membres de cette génération. On trouvera sans peine aucune des « Y » plus idéalistes que des boomers.
Le sociologue français Louis Chauvel souligne la chance historique exceptionnelle des membres de cette génération, dans les pays occidentaux, et souligne ce qu’il considère comme leur responsabilité dans la crise vécue par les générations suivantes.
Il est vrai que les baby boomers ont le cul bordé de nouilles. Ils n’ont pas connu la guerre et ont grandi durant les « Trente Glorieuses », cette forte période de croissance économique entre 1945 et 1973. La plupart des boomers n’ont donc pas connu le chômage en arrivant sur le marché du travail. Bien qu’ils subissent les crises pétrolières de 1973 et 1979, ils retombent dans la croissance durant les deux décennies suivantes. Les boomers commencent à prendre le pouvoir en remplaçant peu à peu les « silencieux » durant les années ’90. Au début du 21e siècle, ils sont au pouvoir dans la plupart des organisations économiques et politiques.
Louis Chauvel n’a pas complètement tort quand il dit que les boomers sont responsables des crises vécues par les générations suivantes. Mais là encore il faut se méfier des généralisations. La recherche du succès et l’individualisme sont des valeurs que les boomers ont érigé au centre des préoccupations de nos société actuelles. Elles rythment nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Poussées à l’excès, elles riment avec opportunisme, égocentrisme, corruption, fraude, gaspillage, et pollution.
Il faut bien reconnaître que l’arrivée au pouvoir des boomers coïncide avec de nombreuses crises dont les valeurs qu’ils prônent peuvent être responsables. Cela a commencé par la célèbre faillite en 2001 d’Enron. Kenneth Lay (1942) , PDG, et Jeffrey Skilling (1953), ex-PDG, ont été accusés et reconnus coupable de nombreux chefs d’accusation, notamment de fraude et de délit d’initiés.
Deux ans plus tard, c’est Calisto Tanzi (1938), fondateur de Parmalat qui est accusé et condamné dans le scandale financier qui a touché sa société. En 2008, Madoff(1938) est accusé et condamné pour avoir monter la plus célèbre chaîne de Ponzi de l’histoire. Même si du point de vue de leur âge Tanzi et Madoff devraient de justesse encore être considérés comme des membres de la génération silencieuse, leur soif de succès à tout prix est plus proche du type sociologique attribué aux baby boomers. Comme nous l’avons déjà dit les frontières générationnelles peuvent être très poreuses.
En 2008, on assiste à l’apogée de ces catastrophes à répétition entamées depuis 2001, avec la faillite de Lehman Brothers. Le PDG et président du conseil d’administration de l’entreprise, Richard S. Fuld, Jr. (1946) est considéré comme l’une des personnalités les plus détestées du monde de la finance selon le Financial Times. En Suisse, c’est Marcel Ospel (1950) qui quitte l’UBS la même année et qui est critiqué pour sa gestion de la banque irresponsable et irrespectueuse envers la Société.
En 2011, Fukushima vient nous rappeler que le développement à tout prix peut avoir des conséquences irréversibles sur le long terme. Les boomers n’ont pas inventé les centrales nucléaires et ils ne sont pas les responsables uniques de cette catastrophe. Mais les valeurs individualistes de nombre d’entre eux sont souvent contradictoires avec toute notion de développement durable et se réalisent ainsi au détriment des générations futures.
La même année, trois ans après la crise financière, on assiste à l’effet boomerang avec une crise budgétaire majeure, la dévaluation du rating de la note des USA, et les profondes inquiétudes à propos de la dette des PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). L’Angleterre ne va pas mieux, et la France conserve étonnamment son triple A, même si celui-ci ne tient qu’à un fil. Encore une fois, les boomers ne sont pas les responsables uniques de cette crise. Le problème des déficits publics des pays développés remontent à plusieurs dizaines d’années. Mais la soif de succès à tout prix et l’individualisme de nombre d’entre eux ont creusé encore plus le gouffre de la dette et reporté le problème sur les générations futures. G.W. Bush (1946) et N. Sarkozy (1955) peuvent ainsi se vanter d’avoir atteint des records jamais atteints en la matière.
Tout récemment encore, c’est Daniel Vasella (1953) qui s’illustre avec Novartis, en supprimant 2000 emplois, dont 1100 en Suisse, alors même que l’entreprise réalise des milliards de bénéfices. Egocentrisme, quand tu nous tiens…
Pourtant, pourtant… autant l’individualisme, la soif de succès et l’idéalisme, quand ils sont poussés à l’extrême, peuvent amener aux pires catastrophes, autant lorsqu’ils sont utilisés à bon escient, ils peuvent produire de petits miracles.
Steve Jobs(1955), même s’il n’était pas le patron qu’on rêve d’avoir, a changé la vie de millions de personnes en quelques années avec son iPod, son iPhone et son iPad. Il a repris une Apple moribonde, l’a remise sur les rails et en a fait, en 14 ans, la deuxième capitalisation mondiale. L’entreprise doit énormément au charisme, à la pugnacité et à la vision de son patron.
Son concurrent de toujours est Bill Gates(1955), l’homme le plus riche du monde durant de nombreuses années. Il est aussi considéré comme l’homme le plus spammé du monde. Bill Gates est réputé pour n’avoir rien inventé et pour avoir piqué des idées un peu partout, surtout à Apple. Mais son génie commercial et son alliance avec IBM ont fait qu’il a réussi à imposer Windows à travers toute la planète. On peut détester Bill Gates, mais il faut bien reconnaître qu’on est presque obligé aujourd’hui de faire avec lui. Comme Steve Jobs, sa vision, sa soif de succès et sa pugnacité ont été les clés de sa réussite. Son idéalisme prend la forme aujourd’hui de sa fondation humanitaire, dans laquelle il s’investit pleinement et à laquelle il prévoit de léguer la plus grande partie de son héritage.
Pour le meilleur et pour le pire, les boomers ont fondamentalement changé le visage de notre planète. Leur exubérance, leur soif de succès, la recherche du plaisir dans tout ce qu’ils font contraste très nettement avec la génération silencieuse qui a précédé. Ils sont à l’origine des crises comme des plus belles réussites et leurs attitudes extrêmes peuvent peut-être expliquer le comportement chaotique des marchés depuis la fin des années ’90.
S’ils ont semé le doute dans le monde économico-politique, ils possèdent pourtant les clés pour faire redémarrer toute la machine. 43 ans après leur révolution en mai ’68, ils arrivent désormais en fin de carrière professionnelle et se préparent à vivre une retraite bien méritée. Leur condition n’a plus rien à voir avec celle des « silencieux » : la plupart ont des moyens financiers, sont en pleine santé et veulent se faire plaisir. Ces nouveaux papy boomers représenteront sans aucun doute un pilier de la consommation ces prochaines années, notamment dans le domaine de la santé.
Jérôme Werlen : Générations & investissement (4/7) – La génération X (1959-1981)
(article du 24 novembre 2011)
La Génération X désigne, selon la classification de William Strauss et Neil Howe, la génération sociologique des Occidentaux nés entre 1959 et 1981. Cette génération est intercalée entre celle des baby-boomers et la génération Y. Les « X » ont grandi alors que leurs parents boomers étaient au travail. Leur jeunesse a été marquée par le déclin de l’empire soviétique et par l’avènement des micro-ordinateurs, du sida et de la mondialisation. Ils sont arrivés sur le marché du travail durant les dernières années prospères avant la bulle Internet mais ont très vite déchanté. Nombre d’entre eux ont connu le chômage assez tôt dans leur carrière. Cette génération a vécu un creux de vague au niveau professionnel, trouvant difficilement des emplois stables et bien rémunérés.
Une partie des « X » a développé une certaine amertume, parfois exprimée sous forme d’agressivité envers les valeurs de la génération précédente. La génération X n’a pas su trouver ses repères, contrairement à celle de ses parents qui sortait de la Seconde Guerre mondiale et devait reconstruire le pays. Les X vivent ainsi dans l’ombre des boomers et cherchent à sortir du schéma « statut-argent-ascension sociale » que ces derniers leur ont imposé.
La réussite de leurs parents, le nouvel ordre mondial et le sida ont rendu les « X » cyniques, mais plutôt passifs, peu revendicateurs et défenseurs de leurs idéaux, au contraire des boomers. Les « X » rejettent les règles mais ne le font pas en combattant, ils préfèrent les éviter ou les tourner en dérision. Cette génération a rendu ainsi obsolète la notion de carrière auprès d’un employeur. Les « X » changent simplement d’emploi lorsque cela ne va plus. Ils échangent aussi volontiers des augmentations de salaire ou des promotions contre plus de temps libre. Contrairement aux boomers, leur réussite professionnelle n’est pas la plus importante à leurs yeux. Ils préfèrent passer plus de temps avec leur famille et leurs amis. Pour eux la qualité de vie est un thème central. Pour les « X » les performances accomplies en équipe sont plus importantes que les réussites individuelles.
Les « X » sont particulièrement à l’aise avec l’informatique et ont expérimenté la magie des premiers balbutiements du Net. Le modem produisait alors de drôles de bruits lors de la connexion au réseau.
Les « X » à la tête de grosses entreprises ou d’Etats sont encore rares. Ceci se comprend par leur âge encore relativement jeune et la soif de pouvoir de leurs prédecesseurs. Le départ à la retraite programmé des boomers leur ouvre donc une voie royale. Néanmoins, il serait étonnant qu’on trouve une proportion de leaders naturels aussi importante chez les « X » que chez les boomers, étant donné l’importance qu’ils attachent à l’équilibre vie professionnelle/vie privée et leur besoin de réussite sociale moindre. En tout cas, le mode de fonctionnement des sociétés qu’ils chapoteront risquent d’être sensiblement différentes que par le passé. Par ailleurs, les « X » étant sensibles au relationnel, ils auront plus tendance que les boomers à veiller aux conséquences éthiques de leurs actes.
Google est un bon exemple de gouvernance d’entreprise à la « X ». Leur produit est simple d’utilisation, sans fioritures, convivial et surtout gratuit. Larry Page (1973) et Sergey Brin (1973) en sont les cofondateurs. Ils sont peu médiatiques, se mettent peu en avant et leur team est plus important que l’ego de chacun d’entre eux, ce qui est tout le contraire d’un Bill Gates ou d’un Steve Jobs.
Google est connue pour une politique d’emploi et de gestion du travail très novateurs et orientés vers la qualité de vie. L’entreprise fonctionne avec une hiérarchie légère et peu contraignante, ce qui est cohérent avec l’aversion des « X » face à un encadrement peu libéral. L’autonomie ainsi accordée leur offre des postes de travail moins stressants. L’horaire est composé de 80 % de travail imposé par la direction et 20 % du temps consacré à des projets autonomes sans restrictions notables. Google s’efforce aussi de créer un cadre de travail motivant. Le géant californien laisse ses employés libres de gérer l’environnement de leur poste de travail et prône le travail en équipe, recherché par les « X ». Les lieux de travail sont également radicalement différents de ceux des autres entreprises : la direction offre à ses salariés l’utilisation gratuite de nombreuses installations de divertissement ou de bien-être. Le Googleplex, siège de l’entreprise, comporte des salles de repos, des salles de billard, des terrains de sport, une piscine, un service de massage ou de coiffure.
Le slogan de Google est « Don’t be evil », soit de toujours se comporter de manière correcte et éthique. Pour être en accord avec sa politique de développement durable, des services de covoiturages sont organisés et les déplacements entre les bâtiments se font à vélo. Les bâtiments sont surmontés de plusieurs milliers de capteurs solaires. La firme de Mountain View a injecté au mois de juin 280 millions de dollars dans l’entreprise SolarCity, ce qui porte ses investissements totaux dans les énergies vertes à 680’000’000 $. En septembre, elle s’est associée à Clean Power Finance et a investi 75 millions de dollars pour installer des systèmes d’énergie solaire chez des particuliers dans le but de démocratiser cette énergie auprès des citoyens.
Une petite histoire belge (réelle) qui illustre bien le mode de pensée « X » de Google : l’affaire a débuté en janvier 2006, lorsque le géant américain de l’Internet a lancé en Belgique son service « Google Actualités », qui recense les principaux titres de l’actualité. La société Copiepresse, qui gère en Belgique les droits des éditeurs francophones et germanophones, avait alors réclamé que Google paie des droits d’auteur à ses membres, ou à défaut qu’il cesse de référencer les articles qu’ils publient. Google avait choisi cette seconde option, mais avait également cessé durant plusieurs mois de référencer les sites de ces journaux sur son moteur de recherche principal, les privant d’une part de trafic. Pendant 3 jours, le consortium de journaux Belges s’est donc mis à genoux devant Google en priant corps et âme de ne pas appliquer la décision du tribunal à la lettre (l’interprétation du juge n’ayant pas la finesse que le consortium aurait bien voulu obtenir). Et pour finir, les sites Internet des journaux Belges sont finalement réindexés par Google. Voilà comment on règle un problème chez les « X » : on l’enlève de l’équation. Plus cynique, tu meurs. On est bien loin de l’idéalisme des boomers, mais c’est quand même diablement efficace.