LE CHOMAGE C’EST TROP DOMMAGE

Je vous transfert cette chronique de Jean-Marc Boyer du 28 janvier 2016 dans la Gazette de l’Assurance car elle est très claire :

La Dares vient de publier ses chiffres du chômage*. Il s’élève officiellement à 5 779 600 pour les catégories A, B, C (+4,8 % sur un an). Il s’est accru en 2015 dans toutes les régions françaises (l’INSEE établit des études plus détaillées sectoriellement**), alors qu’il régresse dans le reste de l’Europe.

Ces chiffres sont biaisés :

Il ne s’agit que des inscrits à Pôle Emploi. Or, après la fin de droit, pourquoi continuer à s’inscrire alors que Pôle Emploi n’est pas connu pour fournir des propositions d’embauches adaptées ? Obtenir le nombre des chômeurs suppose d’ajouter ceux qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi.
Pour minimiser le raz de marée, la France non métropolitaine est effacée des affichages et des médias. Il n’y a aucune raison de discriminer une partie du territoire et des citoyens. L’Outre-mer représente un écart de 303 900 chômeurs en catégories A, B et C.
Les chiffres sont « CVS CJO », c’est-à-dire corrigés des variations saisonnières et des jours ouvrables. Or, 2016 compte 4 jours travaillés de plus (année bissextile et 3 fêtes tombent un week-end) qui seront peut-être chômées avec une si faible croissance.
Les chiffres ne correspondent pas aux normes du Bureau International du Travail. Pourquoi en avoir un dans ces conditions ? Selon le BIT, il faudrait ajouter les chômeurs non-inscrits à Pôle emploi.
Les chiffres ne concernent que les catégories A, B et C, en excluant les catégories D (formation, contrat de sécurisation professionnelle, maladie), et E (créations d’entreprise, contrats aidés). Or, plutôt que de traiter la question de l’emploi (ce qui remettrait en cause le pouvoir fiscalo-administré dont les lourdeurs sont en cause), on traite les conséquences par des emplois aidés (d’avenir, de génération,…), des journées civiques, d’improbables usines à gaz comme le CICE, une hausse de 500 000 des formations non demandées, …
On inclut comme dénominateur les 5,61M de fonctionnaires. Or ceux-ci sont employés à vie plutôt que contractuels. Considérons que 66% des 66,6M de Français sont en âge de travailler, soit 43,9M de personnes, et que 13 M ont choisi d’être inactives, compte tenu notamment du niveau dissuasif de prélèvements obligatoires (taux d’activité en France inférieur de 1% à la moyenne européenne, soit 0,44M). Il reste 30,9M « d’actifs » dont 5,78M de chômeurs toutes catégories et 5,61M de fonctionnaires qui ne sont pas concernés par le risque chômage. Corrigé des biais ci-dessus, on arrive*** à 25% de taux de chômage ressenti.
Un problème structurel

La France a décroché, avec une hausse continue qui contraste avec le regain européen (plein emploi en Allemagne, résorption dans les pays qui ont connu la crise : Espagne, Irlande,…) et même mondial (USA et même Japon).

Les projets législatifs touchant au travail, un temps promis au traitement de la loi NOE (Nouvelles Opportunités Economiques), seront finalement présentés par la ministre du Travail. Cela ne risque pas de motiver les entrepreneurs à embaucher. Dans les couloirs du Médef, avenue Bosquet, on a coutume d’appeler le cadre législatif du Travail « le code du chômage » (le niveau des prélèvements sociaux empêchant la compétitivité, en plus d’être pénalisant pour le pouvoir d’achat et donc la croissance, le smic étant une barrière à l’entrée dans la vie active, les contraintes juridiques étant pratiquement ingérables, etc).

*http://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/dares-analyses-dares-indicateurs-dares-resultats/article/demandeurs-d-emploi-inscrits-a-pole-emploi-en-decembre-2015

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