formation…

Les 11es Rendez-vous économi-
ques de la Méditerranée à Mar-
seille, organisés par le Cercle des économistes et l’Institut de la Méditer- ranée, se sont penchés sur l’initiative de la présidence luxembourgeoise de l’UE concernant la formation profession- nelle à destination des pays du Maghreb. L’emploi des jeunes dans les pays du sud de la Méditerranée et, en particulier, au Maghreb est plus criti- que qu’il ne l’a jamais été. Les taux de chômage des jeunes sont de 24 % en Algérie, 18 % au Maroc, 31 % en Tunisie, dans un contexte où les taux de partici- pation des jeunes à la population active sont inférieurs à 50 %, du fait, notam- ment, de l’inactivité des femmes. Chose très spécifique : la probabilité d’être au chômage augmente avec le niveau de diplôme.
Il n’est pas besoin d’insister sur le fait que ce chômage des jeunes généralisé est un facteur majeur de marginalisa- tion et de dérives. Il est donc nécessaire de conduire une action déterminée du côté de l’offre en tentant d’améliorer la qualité de la ressource humaine.
L’appel de 100 dirigeants de filiales étrangères installées en France
pénalisantes. Nous disposons néan- moins aujourd’hui de nouveaux argu- ments pour convaincre nos maisons mères dans notre plaidoyer pro domo. Celles-ci n’ont pas été indifférentes à ces avancées et ont été sensibles aux atten- tions qui leur ont été prêtées par la plus haute autorité de l’Etat, qui réunit à leur attention deux fois par an un Conseil stratégique de l’attractivité. Toutes les enquêtes concordent : la France est en train de restaurer sa capacité attractive et a accueilli de spectaculaires investis-
Nous saluons les efforts de la France pour renforcer son attractivité.
Mais nous souhaitons que le rythme des réformes s’accélère.
sements qui lui auraient probablement échappé en d’autres temps.
Mais si notre pays fait mieux qu’avant, il fait encore trop souvent moins bien qu’ailleurs. Si la trajectoire est la bonne, nous ne pouvons que déplorer le temps long de la réforme et toutes les conces- sions faites aux uns et aux autres qui viennent en atténuer la portée.
Il est dès lors vital que la France ne se repose pas sur ses premiers lauriers et ne dilapide pas le « capital confiance » qu’elle commence à acquérir auprès de
nos maisons mères. Pour elles, conser- ver le cap de la réforme sera décisif et à ce titre, toute remise en cause du pacte de responsabilité et de solidarité aurait un effet désastreux. Elles souhaitent que le rythme de la réforme se déploie de façon plus accélérée dans un pays où le temps de la politique est bien trop long par rap- port à celui de l’entreprise. Elles souhai- tent que les politiques menées en faveur de l’attractivité soient non seulement poursuivies mais intensifiées par de nouvelles avancées en matière de dimi- nution du coût du travail, de simplifica- tion des procédures, d’assouplissement des contraintes sociales, de stabilisation de l’environnement pour inscrire leur décision dans un contexte plus prédicti- ble et plus compétitif. Elles forment à cet égard le vœu que le débat ouvert sur l’aménagement de la durée du travail et du contrat de travail, qui demeurent des facteurs décisifs d’attractivité et permet- traient aux investissements étrangers en France d’être plus productifs en termes d’emploi, puisse prospérer.
Christophe Catoir est président d’Adecco en France. Gérald Karsenti est président d’HP France. Jean-Pierre Letartre
est président d’EY France.
Christophe de Maistre
est président de Siemens France.
Christian Nibourel
est président d’Accenture.
Padraic Ward
est président de Roche France.
LIBRE PROPOS Par Gaspard Koenig
autonomes (Unsa). Alors que les syndicats traditionnels ont abandonné depuis long- temps l’idée de s’autofinancer (les cotisa- tions ne comptent que pour 3 % de leur bud- get), le fonctionnement du SCP/VTC reposera sur les adhésions des chauffeurs (80 euros l’année). Et quand on téléphone à Sayah Baaroun, il s’excuse d’avance si un appel de client vient interrompre la conver- sation : il n’a pas l’intention de transformer le syndicalisme en métier, et encore moins en carrière. Malgré une rhétorique assez convenue contre les « exploiteurs », le SCP/ VTC ne promeut pas d’idéologie ; seule- ment la défense d’intérêts communs.
Plus fondamentalement, le SCP/VTC, en supposant qu’il parvienne à se développer, pourrait bien inaugurer le syndicalisme 2.0, en adaptant les relations sociales au monde post-salarial. Si des indépendants se syndi- quent, ce n’est pas pour exiger les droits des salariés, mais au contraire pour protéger leur indépendance ! Le SCP/VTC est très clair sur ce point : les chauffeurs acceptent de suppor- ter le risque juridique, fiscal et économique à condition précisément que les plates-formes
Le récent syndicat des chauffeurs de VTC renoue avec le sens originel du dialogue social.
Il est urgent d’inventer un syndicalisme fluide, qui s’adapte à des formes de travail autonomes.
ne réintroduisent pas de manière subreptice une relation de subordination (déconnexion arbitraire, convocations injustifiées, imposi- tion unilatérale des tarifs). Autrement dit, que les plates-formes restent de simples intermédiaires de mise en relation, et ne commencent pas à se comporter en patrons.
Sans juger du fond de la querelle, on ne peut qu’applaudir la démarche de ce syndi- calisme renouvelé. De même que la Free- lancers Union, syndicat des indépendants fort de près de 300.000 membres, joue un rôle grandissant dans la politique améri- caine, ou qu’en Allemagne certains tra- vailleursindeṕendantspeuventconclure des conventions collectives, il est urgent d’inventer un syndicalisme nomade, fluide, qui s’adapte à des formes de travail autono- mes. Comme le disait Bastiat en concluant son discours : « La liberté peut réserver aux nations quelques épreuves, mais elle seule les éclaire, les élève et les moralise. »
Gaspard Koenig est philosophe et président du think tank GenerationLibre.
E
n pleine nuit, quelques minutes après l’attentat qui faillit lui coûter la vie à Brighton, Margaret Thatcher
CET APPEL EST ÉGALEMENT SIGNÉ PAR LES DIRIGEANTS DE :
3M, 3SI, A Capital, ABB, AIG, Allergan, American Express, Aon, Arcelormittal, Arcomet, Astrazeneca, Avago Technologies, Aviva, Bain & Company Inc., Barclays, BASF, BioMarin Inc., Bluestar Silicones, Bosch, CA, Carglass, CarPostal, Carrier, Coca-Cola Enterprises, Chiesi, Cisco Systems Inc., Coca-Cola Company, Coleman, Compass, Crompton Greaves, CSC, DHL, Dow Chemical, Dupont, E-ON, Ericsson, Esso SAF/ExxonMobil Chemical France, Euler Hermes, Facebook, Smad, Google, GSK, Heineken, Henkel AG & Co., Hertz, Hexcel Corporation, Integreon, IVA, Janssen-Cilag, Louvre Hotel Group/Jin Jiang, Rakuten Kok, Kone Corporation, Korn ferry, Lennox, Lenovo, Lombardi, Manpower, Medtronic, Merck Serono, Metro, Microsoft, Mitsui, Mövenpick Hotels & Resorts, MSD, Nestlé, Novartis Pharma, Office Depot, Osram, OTIS, Philips, Procter & Gamble, Prologis, Prosegur, Riso, Rockwool, Rotam CropSciences, Sanden Manufacturing Europe, Schlumberger, Selecta, Shell, SKF, Smurfit Kappa, Steelcase, Swiss Life, Takeda, TomTom, Toray, Unilever, UPS, Velan, Volkswagen, WestingHouse, Wurth Elektronik, Xerox
Consolider le Maghreb par l’éducation
annonça qu’elle maintenait la conférence prévue le lendemain : « life must go on, as usual ». C’est dans ce même esprit que, mal- gré les circonstances tragiques, j’ai choisi d’aborder dans cette chronique un sujet on ne peut plus ordinaire : le syndicalisme.
Ordinaire, mais en pleine mutation. Le SCP/VTC Unsa, créé le mois dernier, dissi- mule sous un sigle ingrat une première mondiale : un syndicat de chauffeurs VTC, qui entend négocier avec les différentes pla- tes-formes. A force de résister à l’ubérisa- tion, ce sont les syndicats eux-mêmes qui se font ainsi ubériser… par un ancien chauf- feur Uber, Sayah Baaroun, le fondateur et secrétaire général du Syndicat des chauf- feurs privés. La boucle est bouclée.
« Est-ce qu’un homme n’a pas le droit de refuser de vendre son travail à un taux qui ne lui convient pas ? » La question de Sayah Baa- roun, c’est celle que posait déjà Frédéric Bas- tiat à la Chambre le 17 novembre 1849. En appuyant l’amendement contre la répression des« coalitionsindustrielles »(autrementdit, des grèves), l’économiste libéral prononça, en s’opposant à la droite conservatrice de l’épo- que, le premier grand discours en faveur du droit syndical. Bastiat ne fondait pas son rai- sonnement sur la lutte des classes, mais tout au contraire sur les libertés individuelles : « Si les ouvriers se sont concertés, se sont entendus et qu’ils disent : “nous ne voulons pas vendre notre marchandise, qui est du travail, à tel prix [...]”, il me semble qu’il est impossible de dire que ce soit là une action blâmable. » Les chauffeurs VTC ne font pas autre chose aujourd’hui, en contestant la baisse du prix de la course.
Ils redonnent ainsi au syndicalisme son sens originel : le regroupement de tra- vailleurs libres pour canaliser les mécon- tentements, et discuter collectivement avec le donneur d’ordre. On est bien loin des grandes centrales qui se croient en charge de la politique du pays et, si l’on en croit les sondages, n’inspirent plus guère confiance aux Français. Un rapport rédigé en 2011 par le député Perruchot avait largement décrit leurs turpitudes, avant de se voir interdit de publication par l’Assemblée nationale, preuve s’il en est de la collusion d’intérêts que génère le paritarisme. Le SCP/VTC se méfie donc de la CGT, de la CFDT et de toute la clique, et s’est contenté d’une affiliation formelle à l’Union nationale des syndicats
La première question concerne la con- ception et la place de la formation profes- sionnelle. Dans le monde moderne, la réalisation personnelle qui est au cœur de la démarche éducative concerne à la fois le développement de la personne, l’inscription dans un espace social et la capacité à l’activité professionnelle et au métier. Nous avons exagérément séparé ces trois fonctions et nous avons dévalo- risé la dernière aux yeux de la jeunesse. C’est ce qui explique la faible disposition au choix des filières professionnelles (15-20 % au Maghreb en fin de lycée), le primat absolu du diplôme, instrument de socialisation par excellence au détri- ment de la compétence, qui n’est pas accréditée de façon systématique.
La seconde question concerne les cibles à viser. Aux premières années du collège 20 % des élèves quittent l’école au Maghreb. A la fin de la scolarité obliga- toire (15-16 ans) les compétences acquises les plus courantes ne sont pas accréditées et lorsqu’il y a un échec au baccalauréat après quatorze années de scolarité en moyenne, l’élève sort sans aucune compétence certifiée. C’est également le
cas en France avec les 150.000 jeunes qui sortent sans aucun diplôme et qui rejoi- gnent, pour certains, les écoles de la deuxième chance (désormais introdui- tes au Maghreb) qui leur offrent au tra- vers d’un suivi personnalisé, à la fois une accréditation de quatre compétences de base, des stages, et un soutien social. Avec un résultat qui avoisine 60 % de sorties positives en reprise d’études profession- nelles ou en emploi. Plus tard, les points critiques concernent les filières universi- taires généralistes qui n’ont pas su déli- vrer des compétences professionnelles et la professionnalisation des doctorants.
La troisième question concerne la façon de faire. L’initiative présentée a cela d’intéressant qu’elle envisage de partir des besoins identifiés et de consti- tuer des réseaux Nord-Sud d’institutions sur les différents niveaux critiques. Une véritable coproduction qui pourrait contribuer à renforcer sensiblement la cohésion de la région méditerranéenne.
Jean-Louis Reiffers est président du conseil scientifique de l’Institut de la Méditerranée.

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